lundi 22 août 2016

L'Altaï russe, sauvage et occidental



Si le texte ne s'affiche pas dans l'email, allez voir l'article sur le blog: http://lesaventuresdecyriletarmony.blogspot.com/

Quel changement !
Passer la frontière de la Mongolie vers l'Altaï russe, c'est presque comme prendre un avion pour faire un bond de 5000 km vers l'ouest !!
Outre le fait que ça nous a pris aussi plus de 6 heures, la première impression nous vient de la route subitement neuve et parfaitement asphaltée mais aussi du supermarché bien approvisionné en produits complètements introuvables en Mongolie tels que oranges, poulet, porc, saumon fumé, œufs de saumon, fromage, yaourts nature et galettes de riz.
Ensuite, l'origine ethnique des locaux tend de plus en plus vers l’indo-européen et après quelques jours sur place, nous découvrons une région dédiée à l'Outdoor (un peu comme un grand parc américain) mais uniquement adressé à un public russe.
Très occidentalisés, certes mais uniquement russophones pour la grande majorité d'entre eux. Ce qui explique l'absence d'autres touristes individuels car il est très difficile d'obtenir une quelconque information ici si « niet panimat' rouski » …
Et la frustration est grande ! Aussi grand que l'éventail des possibilités offert par ce massif de l'Altaï !!
C'est donc à force de pugnacité que nous avons pût en effleurer ses attraits.



Nous venions de parcourir une soixantaine de kilomètres de la magnifique « Chuysky Trakt » (trakt = chemin en russe), un cordon d'asphalte parfait qui serpente le long d'une rivière tumultueuse au pied des glaciers et c'est à l'heure du casse-croûte, alors que nous étions un peu perplexes devant l'ampleur du massif et par quel bout l'aborder, qu'Armony a repéré un 4x4 UAZ qui pouvait être celui d'une agence de tourisme. Et bingo : il s'agissait de « altai track », un couple de guides russes qui ont monté leur petite entreprise de trekking/alpinisme. Malgré leur anglais très limité, le courant est rapidement passé et c'est avec beaucoup de gentillesse et de générosité qu'ils nous ont accueilli chez eux les 24 heures suivantes pour nous expliquer et nous faire découvrir, par les gestes, cartes, photos et même en UAZ, leur Altaï :-)



Forts de toutes ces infos mais ralentis par un rhume pugnace (lui aussi) et une météo rigoureuse (froid et venté), nous avons abandonné le projet de gravir les sommets majeurs de l'Altaï (chacun d'eux nécessitant au minimum 5 à 7 jours d'expé') mais nous nous sommes régalés de belles ballades à la journée en VTT dont une plus difficile (42km, 1500m positifs et 10h d'efforts sur des sentes souvent très accidentées) qui restera un jour clé dans la carrière cycliste d'Armony… En effet, après deux heures de franchissements dans une descente composée exclusivement de racines et de trous creusés dans la boue par les sabots des chevaux et où Armony (MacAskill de son nom. Pour ceux qui ne connaissent pas, je vous conseille cette vidéo) m'a bluffé d'équilibre et d’intrépidité , nous avons profité d'une section un peu moins trialisante pour lâcher un peu les freins sur ce joli « single » (étroit) et c'est alors que l'incroyable se produisit : elle m'a avoué y prendre du plaisir !





Autant dire que ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd et quand deux jours plus tard, nous nous sommes présentés au pied d'une station de ski qui proposait du Down-Hill (VTT de descente), j'ai dit Bingo : c'est l'occasion de consolider tout ça dans une descente plus facile que difficile ! Mais c'était sans connaître les particularités locales… A savoir : une seule descente de tracée depuis le sommet (même pas un chemin 4x4 pour s'échapper), un itinéraire aux obstacles difficiles (rampes déversantes avec recep' dans les caillasses, pentes très raides, sauts de 3 à 9 mètres …) et le tout rendu glissant par une terre bien grasse… On aurait dut se douter de quelque chose quand ils nous ont fait signer les décharges de responsabilité avant de nous céder les forfaits :-/
Bref, l'opération séduction loupée, on peut maintenant compter le nombre d'obstacles au nombre de bleus sur les jambes d'Armony , ooops !


Après cette descente marquante (ah,ah), nous avons repris la route aujourd'hui et retrouvons les vastes plaines sibérienne en direction de Barnaul d'abord (pour notre habituel arrêt citado-connecté) puis du Kazakhstan où nous espérons retrouver un temps plus estival.

Toutes les photos de l'Altaï ici

Arvi!

lundi 15 août 2016

Bref, on a arraché un cable!

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Ca y'est la Mongolie c'est fini : nous voilà de retour en Russie pour commencer notre retour via l'Asie Centrale.
Dans notre dernier article, nous avons évoqué nos petits soucis avec la police mongole d'Ulangom. Comme tout est résolu, nous pouvons maintenant vous donner les détails de nos mésaventures qui vous feront sourire mais qui nous ont donné quelques sueurs froides sur le moment.

L'histoire a commencé il y a dix jours lors de notre passage dans la ville d'Ulangom : en cherchant un hôtel pour faire notre lessive, nous avons heurté un câble télécoms anormalement bas à cause du violent orage qui avait éclaté quelques minutes auparavant. Nous nous sommes donc arrêté au plus vite pour retirer le câble coincé sur le toit de l'Iveco et le remettre comme on pouvait. On a remarqué que le gardien du bâtiment (qui était d'ailleurs le tribunal ;-)) d’où partait le câble n'avait pas l'air commode et avait noté notre plaque, mais ne sachant que faire d'autre, nous avons continué notre route pour retrouver Véro et Domi. 

Une heure plus tard, alors que nous cherchions un restaurant pour dîner, nous faisons l'erreur de repasser dans la même rue. Et là, le gardien reconnaît le véhicule et commence à faire de grands signes. La fleur au fusil, nous nous arrêtons donc pour essayer de voir s'il est possible d'aider à remettre le câble mais sans succès et, au moment de partir, le gardien du tribunal devient plus agressif et se met devant le véhicule pour nous empêcher de partir et dit qu'il faut attendre la police. Un policier arrive au bout d'un moment et prend le passeport de Cyril avant de commencer un état des lieux qui durera plus de 2h… 
Il est 21h quand nous devons suivre le policier à la station de police et là bien entendu, personne ne parle anglais, on ne peut pas donner notre version des faits. Après plusieurs heures, je désespère et j’appelle le numéro d'urgence du consulat français pour avoir de l'aide. J'explique notre problème à mon interlocutrice qui discute ensuite avec l'agent de police mais malheureusement, elle nous explique qu'ils nous accusent d'avoir arraché le câble, qu'on aurait du l'éviter et que c'est à nous de payer les dégâts qu'ils estiment à environ 500€… (En France ou ailleurs, ça serait la compagnie de câble qui serait en faute mais ici apparemment, c'est différent :-( ) A minuit, ils nous laissent quand même partir mais gardent nos passeports et nous devons revenir le lendemain matin. 

A 9h, nous voilà donc de nouveau au poste : un des officiers parle un peu anglais et l'ambiance est un peu plus détendue. Après un moment, je demande à récupérer les passeports et à notre grand étonnement, on nous les rend et ils nous autorisent à retourner à l’hôtel et même à aller se balader dans les alentours en attendant le traducteur pour la déposition. Profitant de ce relâchement et considérant qu nous sommes pas responsables, nous décidons de partir au plus vite de la ville et devenons officiellement des fugitifs :-) Pas très rassurés, nous nous empressons de quitter l'aimag (région administrative) et on hésite même à quitter le pays rapidement mais on se dit qu'ils n'allaient quand même pas lancer une recherche nationale pour un foutu câble…




Nous avons donc continué notre route vers les montagnes de l'Altaï pour faire un peu d'escalade et faire l'ascension du Mont Tsambagarav, 2ème sommet plus haut de Mongolie à 4208m. Encore une fois, la Mongolie nous a offert de superbes paysages de lacs et sommets enneigés, des pistes vertigineuses dans les montagnes mais aussi une tempête de neige et des températures bien froides même un 10 aôut. 



Après ces quelques jours sportifs qui nous ont bien détendus, nous rejoignons la ville d'Olgii, dernier stop avant de quitter la Mongolie. En allant au restaurant, nous passons devant le poste de police et blaguons en voyant les photos des criminels recherchés loin d'imaginer ce qui allait se passer une heure plus tard…

Et oui, alors que nous venions de commander à dîner, Cyril part déplacer l'Ivéco pour le garer en face de nous et au bout de 5minutes, je vois Cyril revenir en me disant qu'un policier lui a demandé de le suivre au poste et qu'il me tient au courant. Je le rejoins 15minutes plus tard et là ça s'annonce mal : les policiers locaux avaient des photos de l'Ivéco et du passeport de Cyril et nous confirment qu'on est recherché pour cette histoire de câble. On s'attend au pire car ça va être compliqué de donner un explication crédible de notre fuite. Heureusement, les policiers d'Olgii sont très sympas, l'un d'entre eux parle pas trop mal anglais et on voit qu'ils essaient d'arranger les choses : ils nous laissent même aller dîner en attendant de connaître le montant exact qu'on est censé payer. On vient nous chercher au restaurant et bonne nouvelle : le montant du préjudice s'élève à seulement 230€ (au lieu des quasi 500€ annoncés initialement) et si on paye sur le champ, on est libre et l'affaire est résolue. On a aussi le choix de ne pas payer et de se défendre avec l'aide de l’Ambassade mais étant le weekend du 15 Août et notre visa expirant 4 jours plus tard, on préfère acheter notre liberté :-) On a quand même demandé un reçu officiel confirmant le paiement et la résolution de l'affaire, au cas où on nous embête à la frontière et on a bien fait, car dès le lendemain matin, on s'est fat arrêté par un autre policier de la ville. On ne sait pas bien ce qui est écrit sur le papier mais en tous cas, il nous a laissé partir ;-)
Dernier moment de suspens au passage de frontière : tout se passe bien au contrôle du véhicule mais au moment de passer le contrôle des passeports, l'agent de douane fait une drôle de tête et part avec le passeport de Cyril. Elle revient accompagnée d'un garde et nous demande d'attendre sur le côté sans explications. C'est confirmé Cyril est vraiment un criminel recherché ! On trouve un agent qui parle anglais et on lui explique la situation en lui montrant le reçu de la police d'Olgii. Après une heure d'attente, on nous demande notre document pour en faire une copie et l'affaire est réglée, il ne reste plus qu'à refaire la queue pour avoir note tampon de sortie. Pour la petite blague, on avait pris deux backpacker israéliens dans le camion avec nous pour passer la douane, ils ont pas été déçus du trajet! 

Au total: deux soirées au poste et 5h pour passer la douane mongole.
Bref, on a arraché un câble !

Comme d'hab, toutes nos photos sont ici

Bons baisers de Russie! 

mardi 9 août 2016

Déjà un mois en Mongolie

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2 mois que nous sommes partis en voyage et presque 1 mois sans avoir vu de goudron quand nous quittons Tsetserleg : on se dit que le ratio commence à être pas mal !

En direction du volcan Khorgo et de son lac, nous retrouvons pour une centaine de kilomètre ce revêtement étrange sans bosses, sans tôle ondulée, ni même de sable ou poussière. Heureusement, quelques gros « nids de poules » bien placés empêchent Armony de s'endormir aux commandes car moi, ça fait longtemps que j'ai succombé à l'appel de la sieste, me remettant d'un petit coup de fatigue, cumul de nos précédentes péripéties et d'un petit rhume que je ne tarde pas à refiler à ma douce : petit plaisir de la vie en couple ;-)



C'est le lendemain matin que nous nous attaquons à l'ascension du volcan, à la fraîche et à jeun pour être sûre de passer avant les hordes de touristes car oui, il y a des touristes en Mongolie, quelques étrangers bien sûre mais surtout des locaux qui sont en vacances en période estivale et qui en profitent pour visiter les sites les plus connus de leur immense pays. Tant mieux pour eux mais comme j'aime pas trop me garer à côté des autocars, j'ai fait ma tête des mauvais jours et Armony à vite compris qu'il valait mieux ranger le Lonely Planet et filer loin du goudron vers des contrées plus sauvage…



Direction Ulastaï, à l'azimut ou presque car une montagne sacrée de plus de 4000 m nous en barre l'accès. Qu'à cela ne tienne, une piste de 170 km franchissant un col à 3000 m semble pouvoir nous y conduire. En plus, Muray (l'Australien du gîte) nous a dit que c'était très beau et que ça avait déjà été parcouru il y a quelques années… Ca tombe bien, ça faisait longtemps (4 jours) qu'on avait pas eu notre « dose »… 



Et on a pas été déçu : Plus de de 80 km sans voir personne ni même une yourte, une bonne quarantaine de franchissements de gués, des kilomètres de dévers (dont un pas complètement voulu à 30°, record), de la mouille, une bonne dizaine de bourbiers et un seul plantage sorti en à peine 2 heures d’efforts, je dois avouer ne pas avoir été mécontent quand, 2 jours plus tard nous avons retrouvé un semblant de civilisation à Ulaistaï (oui, vous lisez bien, c'est bien moi Cyril qui écrit).



Il faut dire aussi que cette « capitale d'aïmag » n'a pas d'accès goudronné et que notre stop à été l'occasion d'un petit festin de mouton : le repas complet à 2 € proposait pas moins de 5 déclinaisons de cette viande bien grasse, Armony en fait encore des cauchemars, hi hi.

Mais nous nous endormons pas pour autant car le soir même et 140 km de pistes complètement défoncées plus loin, nous avons rdv avec nos amis Dom et Vero qui nous attendent depuis 2 jours au bord du lac Khar Nurr, le paradis sur terre ! Imaginez un lac d'eau douce aux eaux turquoises et assez chaudes pour s'y baigner, entouré de montagnes, de steppes et d'un Erg déversant ses dunes de sables jusque au fond du lac, le tout, loin de toute infrastructures touristiques…. Nous avons vraiment la sensation de vivre ici un moment unique.




Les jours suivants sont l'occasion de découvrir 2 sites un peu plus connus des locaux (mais pas encore des agences chinoises) . Il s'agit de 2 sources exceptionnelles car émergeant des dunes et formant des amphithéâtres naturels assez impressionnants.



Toujours avec Dom et Vero, nous entreprenons ensuite de tenter une traversée de l'Erg Bor Hyaryn suivant une trace mentionnée sur notre carte russe vielle de 50 ans…


Un court hors-piste nous mène à une belle rivière que nous devons franchir. Bien échaudés de nos précédentes expériences, Armony et moi partons à pied dans la rivière pour en sonder les moindre recoins et décider du cheminement le plus judicieux. Le sol paraît suffisamment porteur, seuls quelques passages sont plus mous, nous attaquons les 70 m de traversée. Nous ne sommes pas encore sortis de l'eau que nous comprenons que derrière : tout ne va pas bien ! Un arrêt pas très judicieux de Dom et c'est le plantage. Le sol plutôt dur d'apparence se transforme en sables mouvants, le 4x4 s'enfonce à vue d'oeil ! Demi-tour avec l'Iveco, nous remontons notre trace pour venir à leur rescousse, je prend soin de m'arrêter près d'eux mais pas trop, sur un îlot de sable paraissant plus sec mais là aussi le sol se dérobe et je dois mettre gaz pour extraire l'Iveco du piège…

Quarante mètres plus loin, la terre ferme retrouvée, Vero et Dom sont plantés en plein milieu de la rivière, le Toy parallèle à la rive, nous comprenons que nous ne pourrons les tirer de là avec l'Iveco. C'est donc armés de pelles et plaques que nous courons cette fois à leur rescousse…

Pelletage, cric, plaques, les manœuvres sont maintenant rodés et ça marche à chaque fois. Dom peut sortir du bourbier et c'est en courant que je lui ouvre le chemin pour trouver la sorti, sauvé.

Sauf qu'avec tout ça, l'Iveco est du mauvais côté et je dois trouver un nouveau passage pour éviter les zones transformées en sables mouvant par nos traversées précédentes.


A quoi bon ? me direz-vous. La suite nous donnera raison car dès les premiers kilomètres, un joli petit cordon de dunes blanches nous offre un beau bivouac bien mérité et le lendemain, après une quarantaine de kilomètres de sable assez facile nous approchons le lac Bayan par une descente merveilleuse.




Pas encore repus d'aventure, nous comprenons que la rive la plus belle du lac est gardé par un beau massif de dune qui culmine bien 150 m au dessus du niveau des eaux. Nous décidons donc de le franchir et c'est agréablement surpris par la portance du sable locale que nous franchissons sifs, entonnoirs et pentes incroyables avec nos fières montures de voyage.






Encore une fois, le moment unique se répète : la rive du lac est aussi vierge que magnifique, les dunes omniprésentes et l'eau carrément chaude en plus d'être délicieusement limpide .

Bref, on se régale.




Les meilleures choses ont toujours une fin, nous franchissons l'Erg dans l'autre sens puis reprenons les pistes pour tomber par hasard sur un petit massif de granite rose où nous retrouvons les plaisirs de la grimpe : fissures, dalles, cailloux super abrasif, orties super urticantes...

Nous filons maintenant vers notre prochaine destination, Ulaangom, où nous allons faire notre stop classique : un peu de mécanique, plein d'eau, de gazole, ravitaillement, lessive et poster les news… la routine quoi !

Toutes nos photos ici

Biz

PS: On a mis un peu plus de temps que prévu à poster notre article car nous avons eu un petit "contre-temps" à Ulaangom...
On vous racontera ça en détail plus tard quand tout sera résolu mais nous avons du quitter précipitamment la ville et le canton pour échapper à une accusation non fondée de câble téléphonique arraché avec l'Iveco.
En gros, après les bourbiers en Iveco, nous avons eu pendant 24h un avant gout de ceux de la police Mongole et espérons ne pas y re-goûter d'ici la sortie du pays...